Ce papier étudie les revendications du Mouvement culturel amazigh marocain et quelques uns des obstacles qui empêchent la réussite de l’intégration de la langue amazighe dans le système éducatif marocain.
Bien que la Charte nationale de l’Éducation et de la Formation, élaborée en 1999 par la Commission spéciale sur l’Éducation et la Formation (COSEF), recommande son enseignement et que l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) et le Ministère de l’Éducation nationale (MEN) aient entamé sa généralisation progressive dans les écoles primaires marocaines depuis 2003, la situation de l’Amazighe à l’école n’est pas rassurante pour l’ensemble des acteurs socio-éducatifs.[1]
Ayant enseigné pendant dix ans – y compris trois ans d’enseignement de la langue amazighe – au Maroc, nous pensons que les résultats atteints ne sont pas compatibles avec les objectifs tracés dans le cadre du partenariat entre l’IRCAM et le MEN. Nous pensons aussi que enseignement de l’Amazighe par les non amazighophones ne peut être qu’un échec. En outre, l’absence d’une volonté politique forte de la part des gouvernements successifs de voir cette langue intégrée rigoureusement dans le tissu éducatif marocain, rend difficile « la maîtrise de la langue amazighe à l’oral et à l’écrit.» (El Barkani, 2010, p. 296)
De l’aveu du recteur de l’IRCAM, l’existence de « résistances et de blocages multiples, notamment au niveau des élites politiques et intellectuelles, les unes obnubilées par le modèle de l`Etat-nation centralisateur et les autres inféodées à l`idéologie nationaliste arabe. » (Boukous, 2005, p. 1), font que presque une décennie après l’amorçage de l’enseignement de l’Amazighe à l’école publique, il peine à trouver sa place de langue normale au sein de l’école marocaine. Cet état des choses nous pousse à croire que la décision l’enseigner était plutôt politicienne, pour absorber les critiques internationales de la performance du Maroc dans le champ des droits humains.
Dans un premier temps, nous allons contextualiser le Mouvement culturel amazigh marocain en Afrique du Nord avant d’entamer, dans un deuxième temps, l’étude du processus qui a conduit à l’enseignement de la langue amazighe à l’école marocaine. La dernière partie de ce papier sera consacrée aux trois entraves principales qui freinent la réussite de l’enseignement de l’Amazighe à l’école primaire.
Le Mouvement amazighe marocain dans son contexte historique et régional
L’Amazighe, ou le Berbère, est une des langues les plus anciennes de l’Afrique dont l’histoire remonte à environ trois millénaires (Shafiq, 1999). Les populations amazighes sont dispersées géographiquement sur plusieurs États-nations dans le territoire communément connu sous le nom de Tamazgha ou l’Amazigh Homeland. Tamazgha s’étend sur un
espace de près de cinq millions de km2 s’étendant d’est en ouest de la frontière égypto-libyenne à l’Océan Atlantique et du nord au sud de la rive méridionale de la Méditerranée au massif du Stromboli au Burkina Faso. (Boukous, 2007, p. 3)
Nonobstant, cet isolement géographique n’a pas empêché l’émergence de mouvances nationalistes berbères qui revendiquent, entre autres, la reconnaissance des droits culturels et linguistiques du peuple amazigh dans son territoire historique, divisé en États-nations postcoloniaux. Du Maroc au sud de l’Égypte, le mouvement amazigh a combattu pendant longtemps pour briser le silence sur la double marginalisation d’Imazighens: la marginalisation linguistique et culturelle et la marginalisation géographique avec ses corollaires économique et social (Crawford, 2002).
Malgré sa longue histoire et son usage par une partie considérable de la population nord-africaine dans toutes leurs communications et affaires quotidiennes, l’Amazighe est restée marginalisée pendant une longue durée dans tous les pays du Maghreb (Maddy-Weitzman, 2011, p.94-95). Cette marginalisation était le résultat des choix idéologiques des régimes postcoloniaux qui ont opté pour le nationalisme arabe et l’arabité au détriment de l’africanité et l’amazighité. La situation de la langue et culture amazighes dans les pays du Maghreb est un cas d’échec de l’État postcolonial dans sa capacité à ériger un système politique juste et représentatif de la diversité qui existe dans ces sociétés. Il est aussi la conséquence immédiate des politiques coloniales résolues à « se venger des Imazighens, qui l[es] ont violemment combattu[es] et ont refusé de collaborer avec [elles] » (Chafik, 2005). Après avoir échoué à avoir le soutien des Amazighes pour ses projets coloniaux, la France a préféré signer les accords d’indépendance avec les nationalistes arabes; une manière de se venger des Berbères et de leur cause culturelle. Il faut, pourtant, nuancer cette analyse car au moment où le Maroc et l’Algérie ont refusé de reconnaitre l’Amazighe, cette dernière « jouit du statut de langue nationale au Niger et au Mali depuis leur indépendance en 1960 » (Chaker, 2004).
L’enseignement de la langue et la culture amazighes et son intégration dans la vie éducative des pays de la région sont parmi les revendications fondamentales du leadership de l’action amazighe en Afrique du Nord. Une action qui s’est surtout axée sur des manifestations culturelles et des démonstrations contestataires avant de se transformer en bataille de droits humains à la fin des années 1980. Mohamed Shafiq, le doyen des militants amazighs marocains, a exprimé cette dimension par ces mots :
Notre droit à l’existence en tant qu’ethnie et culture, autochtones de surcroît, s’inscrit dans le registre des droits naturels, celui des droits de l’Homme. C’est donc à la conscience universelle que nous devrions en appeler et, partant, aux instances internationales. (Shafiq, 2005)
La « question berbère » s’est posée et continue à se poser avec plus d’acuité au Maroc et en Algérie où, malgré son statut de langue dominante, l’Amazighe est traitée comme « langue minoritaire vue sa non-reconnaissance par les institutions » (Moustaoui, non daté).
Si la réponse des autorités algériennes au printemps berbère (1980) fut très violente, les autorités marocaines, au contraire, ont opté pour l’intégration progressive de la langue et la culture amazighes dans la vie publique et officielle. Sous la pression du militantisme amazighe actif dans le champ des droits humains dans les années quatre-vingt-dix, Hassan II, a adressé un discours aux Marocains le 20 août 1994 dans lequel il a annoncé l’enseignement de l’Amazighe à l’école primaire. Il y a aussi annoncé l’émission d’un journal télévisé dans les trois dialectes (Tashelhit, Tamazight et Tarifit) parlés au Maroc. Hormis ce bulletin d’informations de quinze minutes en langue amazighe, les promesses du Roi Hassan II devaient attendre jusqu’à 2001 pour se concrétiser partiellement.
Dans son discours d’Ajdir le17 octobre 2001, le Roi Mohamed VI a annoncé la création de l’IRCAM et a reconnu la profondeur amazighe du Maroc, ce que le Mouvement culturel amazighe n’a cessé de revendiquer depuis des décennies. Mais le Roi ne s’est pas arrêté là; il a souligné l’importance de la dimension amazighe du Maroc pour son « projet de société démocratique et moderniste » :
Dans la mesure où l’Amazighe constitue un élément principal de la culture nationale, et un patrimoine culturel dont la présence est manifestée dans toutes les expressions de l’histoire et de la civilisation marocaine, nous accordons une sollicitude toute particulière à sa promotion dans le cadre de la mise en œuvre de notre projet de société démocratique et moderniste, fondée sur la consolidation de la valorisation de la personnalité marocaine et de ses symboles linguistiques, culturels et civilisationnels. (Diplomatie, 2001)
C’est avec la promulgation du Dahir n° 1-01-299 portant sur la création de l’Institut Royal de la Culture Amazighe que la reconnaissance officielle de l’amazighité du Maroc a été entamée (Boumalk, 2009, p. 54). Une reconnaissance qui était loin de répondre à toutes les
revendications de la militance amazighe [qui] vis[ait] … à faire évoluer cette situation en passant du statut de fait à un statut juridicoconstitutionnel censé garantir à l’Amazighe la protection juridique, et par contrecoup, l’intégration dans tous les domaines de la vie publique et la pérennité. (Boumalk, p. 54)
Sans satisfaire entièrement les attentes du mouvement amazighe, la création de l’IRCAM était un acquis énorme pour les amazighes marocains qui se sont vus accorder une institution scientifique pour optimaliser la recherche sur tous les aspects de leurs langue et culture longtemps marginalisées. Un budget de 7 millions de dollars a été alloué à l’IRCAM pour « sauvegarder et […] promouvoir la langue et la culture amazighes dans toutes ses formes et expressions » (IRCAM, 2008).
Le mouvement amazigh marocain n’étant pas monolithe, ce « geste royal »[2] a suscité des réactions différentes dont celle d’Ahmed Dghirni, le fondateur du Parti démocrate amazigh, qui a avancé que l’objectif reste de « répondre aux revendications de réformes politiques et constitutionnelles des amazighes, revoir les politiques éducatives et s’opposer aux tendances dictatoriales, basées sur l’extrémisme religieux…» (Ahewar, 2005). Une réaction qui hausse la barre des revendications pour cibler des éléments que le Mouvement culturel amazigh a timidement remis en question.
La réforme de l’éducation et l’enseignement de l’Amazighe
La COSEF, présidée par le conseiller du Roi Abdelaziz Belfkih, a présenté son rapport final au Roi en octobre 1999. C’était la première fois dans l’histoire du Maroc indépendant qu’un document aussi officiel que la Charte Nationale de l’Éducation et de la Formation faisait référence à l’enseignement de la langue amazighe en accordant aux « autorités pédagogiques régionales » le pouvoir discrétionnaire :
dans le cadre de la proportion curriculaire laissée à leur initiative, [de] choisir l`utilisation de la langue amazighe ou tout dialecte local dans le but de faciliter l`apprentissage de la langue officielle au préscolaire et au premier cycle de l`école primaire. (COSEF, 1999, p. 51)
Il est à noter ici que le projet initial, avant 2001, donnait la prérogative de la décision de l’enseignement de la langue amazighe aux autorités pédagogiques régionales ; à savoir les académies et les délégations du MEN. L’apport des « autorités nationales d`éducation-formation » se limiterait à la mise à disposition « des régions l`appui nécessaire en éducateurs, enseignants et supports didactiques » (COSEF, p. 51). Il apparaît de cette formulation qu’il a existé une indécision au niveau étatique sur le degré de l’intégration de la langue amazighe dans l’enseignement. Nous constatons aussi la corrélation entre l’enseignement de la « langue officielle » et l’enseignement de la langue amazighe. Cette dernière est à enseigner dans la mesure où elle peut « faciliter l’apprentissage de la langue officielle » (COSEF, p. 51). Ce constat nous laisse à croire que l’enseignement de l’Amazighe n’était important que dans la mesure où il facilite l’apprentissage de l’arabe.
Vue la composition politique de la COSEF, nous pensons que les forces conservatrices – arabisantes et islamistes – ont su imposer leur point de vue en privant la langue amazighe du soutien institutionnel fort qu’aurait pu lui apporter la Charte Nationale de l’Éducation et de la Formation. Par ailleurs, cette ambivalence linguistique est la conséquence de la recherche d’un compromis à tout prix entre les parties prenantes au détriment du statut de la langue amazighe. Le statut de langue « adjuvante » que lui a été accordé dans ce document référentiel est, à notre avis, la première entrave à laquelle fait face l’Amazighe aujourd’hui. Une langue qui se bat pour acquérir sa place dans le paysage linguistique compétitif d’un pays ne doit pas être au service d’une autre qui se veut officielle.
Le MEN, en partenariat avec l’IRCAM, a généralisé l’enseignement de l’Amazighe dans toutes les écoles marocaines rurales et urbaines depuis le rentrée scolaire 2003. Selon Ahmed Boukous, le Recteur de l’IRCAM, l’Amazighe:
i. fait partie officiellement des curricula;
ii. est enseigné en tant que matière;
iii. fait l’objet d’une évaluation comptant pour les examens;
iv. bénéficie de la supervision pédagogique;
v. est généralisé à l’ensemble de la population scolaire, élèves amazighophones et arabophones, dans le milieu rural et le milieu urbain;
vi. concerne tous les niveaux du primaire;
vii. bénéficie de mesures de normalisation et de standardisation progressives. (Boukous, p. 3)
Théoriquement, les propos d’Ahmed Boukous sont dignes de foi, mais la réalité les contredit. Théoriquement aussi, quelques 5.000 enseignants et 300 inspecteurs ont suivi les formations en langue amazighe ce qui va permettre d’augmenter le nombre des élèves de 500 000 à un million dans l’année scolaire en cours (Le Matin, 2012). Du point de vue quantitatif, c’est une réalisation colossale. Pourtant au niveau qualitatif, la situation n’est pas aussi optimiste car on ne sait toujours pas combien d’enseignants ne connaissent pas l’Amazighe pour pouvoir l’enseigner. L’IRCAM ne partage pas non plus les statistiques des élèves qui maitrisent l’écriture et la lecture de l’Amazighe après huit ans de son enseignement.
Quelques entraves à l’enseignement de Tamazight
Entraves d’ordre politique
Tout ce qui affère à Tamazight revêt une attention politique particulière au Maroc postindépendance à cause des résidus de l’époque coloniale. La France a promulgué, à l’insu des berbères, le Dahir berbère en mai 1930 qui avait pour but, entre autres, d’appliquer le droit coutumier aux régions berbères et d’accorder des prérogatives judiciaires aux chefs de tribus (Dahir berbère, 1930, p. 1). Les autorités françaises auraient également essayé de franciser les populations berbères, surtout les fils de notables, au Collège d’Azrou (Collège berbère), pour les préparer à gouverner (Benhlal, 2005). Cet aspect historique de la question amazighe est instrumentalisé régulièrement par les forces politiques conservatrices pour contrecarrer les aspirations légitimes des Amazighes. Le Parti de l’indépendance (PI), dont les relais sont très forts au sein du MEN, a toujours affiché son opposition à l’enseignement de l’Amazighe sous prétexte de la sauvegarde des constantes nationales.
Cette position idéologique du PI, et celle du Parti justice et développement islamiste (PJD), ont entravé la mise en application des accords entre l’IRCAM et le MEN. Le PI était en charge du MEN au moment de l’arabisation de l’enseignement au Maroc durant les années quatre-vingts et continue à regarder avec suspicion l’intégration de Tamazight dans l’enseignement qui viserait, à son avis, à laïciser la société marocaine – chose qu’ils associent avec les élites amazighes – à partir du système éducatif (Ben-Layashi, 2007).
Ahmed Assid, chercheur à l’IRCAM, a confirmé cette résistance politique avec clarté en analysant les positions du Ministre istiqlalien actuel de l’Éducation nationale. Selon Ahmed Assid, le Ministre « a congelé le dossier de l’enseignement de l’Amazighe » (Assid, 2012), il ne s’est jamais exprimé sur le dossier dans ses sorties médiatiques et même au Parlement, il insistait uniquement sur les langues étrangères (Assid, 2012). Ahmed Khchichene, lui aussi Ministre de l’Éducation nationale, pendant six ans, n’a pas fait grand-chose pour améliorer la situation de la langue amazighe à l’école dont il a hypothéqué le sort « aux délibérations du Haut Conseil de l’Enseignement sur l’enseignement des langues » (Assid, 2012) ; une manière de fuir en avant sans prendre les mesures nécessaires pour réussir le pari de l’enseignement de l’Amazighe.
Entraves d’ordre technique
Les entraves techniques sont majoritairement corollaires de l’absence de la volonté politique d’appliquer sérieusement les accords passés entre les partenaires institutionnels. Une des manifestations de ces problèmes techniques est la pénurie de manuels scolaires. Ces derniers structurent l’apprentissage ; surtout que l’approche préconisée au Maroc insiste sur l’usage d’un curriculum unifié. L’IRCAM s’est chargé de composer les manuels et le MEN avait la charge de les distribuer aux écoles. Pourtant, le MEN continue toujours à retarder la livraison des manuels ou à ne pas les imprimer à temps (Assid, 2012).
Le passage d’une langue orale à une langue standard transcrite pose aussi problème. L’effort de l’IRCAM de créer une langue unifiée est à l’origine d’une certaine aliénation parmi les enseignants et les élèves berbérophones. D’aucuns pensent qu’il aurait été peut être plus fructueux de commencer par l’enseignement des dialectes locaux avant de passer à l’enseignement de la langue unifiée dans les niveaux avancés au collège et au lycée. De notre expérience personnelle, il était difficile aux élèves de croire qu’ils apprenaient leur langue maternelle car la version de l’IRCAM ne reflète pas ce qu’ils parlent chez eux.
L’adoption de Tifinaghe – la graphie berbère – est une difficulté supplémentaire qui aurait pu être évitée. Étant donné que les élèves marocains apprennent déjà deux alphabets (arabe et latin) à l’école, un d’eux aurait pu être adopté pour l’écriture de l’Amazighe. Les kurdes en Irak et en Iran ont adopté l’alphabet arabe pour écrire leur langue ; une expérience pareille aurait pu être reproduite au Maroc. Pourtant, le choix de Tifinaghe avait une portée symbolique et politique. L’État a voulu une graphie qui pourrait figer la langue et les courants amazighes traditionalistes ont signifié leur attachement affectif à Tifinaghe.
Entraves d’ordre humain
La mise en application de l’enseignement de Tamazight n’a pas été accompagnée d’une stratégie claire de formation des ressources humaines. Les partenaires institutionnels ont procédé à l’enseignement de cette langue sans avoir exigé un minimum de connaissance de la langue amazighe par les enseignants. Quelques enseignants, chargés de son enseignement, n’ont que du dédain pour tout ce qui est amazighe ; un dédain qui participe des positions politiques susmentionnées dont est imprégnée une partie importante de la société marocaine.
Les inspecteurs du MEN chargés de superviser l’application des orientations pédagogiques eux-aussi n’ont pas été préparés pour assumer cette responsabilité stratégique. La conséquence de cette gabegie institutionnelle est la suppression des séances de l’Amazighe de l’emploi du temps des enseignants non amazighophones, en accord avec leurs superviseurs pédagogiques qui n’arrivent toujours pas à comprendre que l’Amazighe est une langue comme les autres qu’il faut enseigner avec sérieux et efficacité (Assid, 2012).
Conclusion
Le mouvement amazigh marocain a réussi dans sa quête de voir la langue et la culture amazighes réhabilitées par les institutions politiques et éducatives marocaines. La recommandation de l’enseignement de l’Amazighe en 1999 puis la création de l’IRCAM en 2001 et l’amorçage de cet enseignement en 2003 ont tous permis de la faire entrer dans la vie publique marocaine. Vient enfin sa constitutionnalisation comme langue officielle en juillet 2011 pour couronner les efforts déployés depuis 1967, avec la création de l’Association marocaine pour la Recherche et l’Échange culturel. Des avancées certes qui ne peuvent pas nous faire perdre de vue les résistances qui existent au sein de la société marocaine.
Les partis politiques, la bureaucratie et le corps enseignant marocains ont un long chemin à parcourir avant d’internaliser le fait que l’Amazighe est devenu une langue comme les autres dans le paysage linguistique marocain. Les familles marocaines de leur part ont besoin de comprendre l’importance de cet acquis dont les retombées seront positives sur les apprentissages de leurs enfants. Finalement, les doléances de la langue amazighe ne peuvent pas être dissociées du système éducatif marocain qui a de la peine à se mettre sur la bonne voie depuis bientôt deux décennies, qui ont commencé avec l’arabisation de l’enseignement public.
Bibliographie
Benhlal, M. Le collège d`Arzou: Une élite berbère civile et militaire au Maroc (1927-1959). Paris: Karthala-Eremam, 2005
Ben-Layashi, S. « Secularism in the Moroccan Amwigh Discourse », The Journal of North African Studies, 12(2), 153-171, 2007
Boumalk, A. « Conditions de réussite d’un aménagement efficient de l’Amazighe », Asinag, 3, 53-61, 2009
Boukous, A. « L’enseignement de l’Amazighe (berbère) au Maroc : aspects sociolinguistiques », Revue de l`Université de Moncton, numéro hors série, 81-89, 2007
Crawford, D. « Morocco’s Invisible Imazighen », The Journal of North African Studies, 7(1), 53-70, Spring 2002
Maddy-Weitzman, B. The Berber Identity Movement and the Challenge to North African States, Austin: University of Texas Press, 2011.
Shafiq, M. Lamhatun aan thalathathatin wathalathina qarnan min tarikh al` amazighiyin [Highlights of thirty-three centuries of Imazighen]. Rabat: Al Kalam, 1989